ثقافة وفن

Mehdi Abdellatif, un artiste hanté par la poésie du temps et de la mort

Dr. Redouan Saidi

Artiste et critique d’art

Casablanca, Maroc

galerie Living4art à Casablanca, un artiste marocain originaire de la Ville d’El-Youssoufia, vivant et travaillant à Tanger, la ville dont Henry Matisse est tombé amoureux à l’époque. Son exposition intitulée “Dystopie” est une exposition maestro de ce que nous appelons vraiment l’art contemporain. Dans chaque tableau nous avons affaire à l’artiste et c’était, et c’est toujours, Monsieur Mehdi Abdellatif, artiste-peintre marocain expressionniste hors de commun. En regardant un homme qui a le look d’un philosophe ou d’un écrivain moderne – bien rasé, élégant et avec des lunettes “chics” et bien évidemment ces peintures artistiques, je ne peux pas vous dire à l’instant ce que la main de Mehdi, je veux dire l’autre main dans son esprit, crée en matière d’art, des merveilles je veux dire ! J’avais l’impression que nous étions, lui et moi, soudés par une magie dont j’ignore les tenants et aboutissants. Je me suis simplement identifié à son monde, ressemblant au monde merveilleux d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll ou le Kubla Khan de Samuel Coleridge.

Regarder les peintures de Mehdi Abdellatif était comme voyager dans les premiers commencements du monde, quand la primitivité se déchaînait sur la terre et que l’homme primitif était roi. Je voyais un petit sépulcre, un espace vide ici et là, un grand silence, une impression de mort impénétrable. L’air dans chaque tableau de Mehdi était chaud, épais, lourd, lent. Il n’y avait pas beaucoup de joie dans l’éclat de la lumière ; mais il y’avait beaucoup de pensées et d’idées. C’était en même temps un voyage en moi, un voyage dans la vérité, dans les recoins les plus profonds de mon âme. C’était également une tentative de découverte de soi. Et j’étais épaté, amplement émerveillé ! C’est une peinture très créative et très forte ! “Et lui est un mec très talentueux dans sa pratique d’art”, je me disais cette vérité tout en étant renfrogné dans le silence de mon esprit.

Sa peinture artistique reflète aussi une profondeur existentielle humaine hors pair. Mehdi Abdellatif, parait-il, n’a jamais été enfermé dans son atelier ou fermé sur lui-même. Au contraire, vous pouvez dire à partir de ses pièces emblématiques qu’il regarde en arrière en dialogue avec les grands maîtres de l’art et avec les moindres détails de notre histoire humaine moderne. Son art semble inclure des éléments de l’héritage d’artistes internationaux tels qu’Edvard Munch, Francis Bacon, et Francisco de Goya entre autres. Son art acquiert ainsi une dimension humaine universelle. Et puis, Mehdi est un rebelle, un rebelle au sens propre de la rébellion éthique et esthétique. Un ”Paria” ! Il semble avoir rompu avec l’art colonial dit marocain, qui s’inspire des artistes comme Henry Matisse, Mariano Bertuchi, Eugène Delacroix entre autres, et qui inspire encore de nombreux artistes marocains. Il n’est pas l’artiste hanté par le déjà vu dans les images des villes traditionnelles marocaines, les pigeons, les vieilles portes, les châteaux amazighs du Sud marocain – lavés à l’ocre, et les hommes se promenant avec leurs vêtements traditionnels – des thèmes que je trouve trop consommés ! Mehdi marque les différences, sans flou ! Dans cette exposition, il a l’intention de choquer électriquement le public marocain, en lui faisant prendre conscience des problèmes les plus fondamentaux de l’homme moderne, le temps, la mort entre autres thèmes. Ces œuvres symbolisent l’homme moderne emporté par des crises d’angoisse. J’ai l’impression que ces textes iconiques de l’artiste peintre Mehdi Abdellatif son liés en quelques sorte aux textes littéraires de Franz Kafka, Edgar Allan Poe, et Joseph Conrad surtouts dans son chef-d’œuvre “Au cœur des ténèbres” par la voix d’une intertextualité spontanée. Son pinceau et les couleurs utilisées m’ont permis – en tant qu’artiste et critique d’art – d’écouter les paroles et les cris des morts – voir sa peinture où il invite un personnage de l’artiste norvégien Edvard Munch – Le Cri. Mais le personnage dans le tableau de l’artiste crie dans un murmure à une image peut être, à une vision de ce monde – il a crié ” L’horreur ! L’horreur !’, un cri de protestation à l’égard de cette civilisation monstrueuse qui ne cesse jamais de déshumaniser l’être humain. Et j’ai senti la terre bouger sous leurs pieds sans oublier leurs corps peints avec la couleur de la chair. Toutefois, les morts dans le monde de Mehdi ne sont pas vraiment morts au sens strict du terme. Les personnages dans les œuvres d’art de Mehdi Abdellatif semblent parler, communiquer, marcher et montrer leurs émotions. Ils n’ont pas été complètement vaincus ni par le temps ni par la mort. Lui, comme la poétesse américaine Emily Dickinson, est – au moins symboliquement – aussi un ami de la mort en quelque sorte. Il essai de la comprendre en la réinventant d’une perspective philosophique et esthétique. Il ne semble pas croire à l’idée d’une mort définitive. La mort pour Mehdi est le début de l’équation mathématique de la vie qui se déroule comme des cercles d’éternité et qu’il capture avec brio dans chacun de ses tableaux. Mehdi a encore introduit un autre élément crucial dans sa peinture qui est le temps, tant qu’un défi en termes existentiels. Le temps détruit la beauté et l’amour, comme Shakespeare l’admet dans ses célèbres sonnets. Pourtant, et toujours ce temps dans les peintures est capturé et fixé pour l’éternité cette fois-ci ! Mehdi le fait parce qu’il veut avoir un impact sur le public, d’ailleurs comme dans le cas de Bertolt Brecht utilisant l’illusion théâtrale pour dégager une certaine pensée critique. Mehdi Abdellatif veut à sa manière que le public pense et ressente tout en explorant les détails de son univers. Ses chefs-d’œuvre, appartenant fièrement au patrimoine de l’art marocain contemporain, resteront pour les générations à venir des chefs-d’œuvre pour le Maroc du troisième millénaire.

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